Alchimiste, le premier set de Tikom, a d’abord été pensé pour la scène, pour le live. C’est une expérience performative. Visuellement, il se veut attractif, novateur et sobre, car pensé dans un esprit pratique. La performance est constituée de deux axes : un instrument organique, le marimba, et des éléments électroniques, un touchpad et un kitdrum. Le marimba, premier amour de Thierry et pièce-maîtresse d’Alchimiste, donnera à la performance un élément visuel important ainsi qu’une sonorité envoûtante.
Si, visuellement, la performance veut frapper fort, c’est bel et bien la musique qui est l’aspect prédominant et inhérent à ces choix. Alchimiste est un arbuste ethnique dont chaque ramification fait voyager son public par sa musique inspirée des quatre éléments, inspirée de la vie. Les racines, ancrées dans le sol, apportent les fondations musicales, les basses, la terre du projet. Puis le tronc s’élance grâce à l’eau qui confère la vie : la sève, le tempo du projet. Se croisent ensuite les branches desquelles poussent les frondaisons luxuriantes, le feu de vie, les richesses sonores et subtilités du projet. Qui se font balayer par les vents, chauds ou froids, nuances du projet.
Tout en contraste et en paradoxe, Alchimiste mélange beats urbains et voix exotiques, claviers saturés et chœurs d’enfants, électro tranchée et chants traditionnels. Le marimba, à tour mélodique, harmonique ou rythmique, prend sa place dans le show au côté du pad, rappel de cette mosaïque hybride électroacoustique.
Alchimiste veut retourner aux sources du son et des rythmes. La musique, mélange organique, ne cherche ni la virtuosité spectaculaire ni les facilités d’écriture, mais revient à ses racines primitives, voire primaires. Il se veut une expérience performative qui touche le spectateur sans devoir pour autant s’intellectualiser.
Alchimiste, sur les plateformes digitales, se compose de 2 EP: Alchimiste et Nectar. Alchimiste est le premier EP distribué sur les plateformes digitales. La distribution a été réalisée par le label bâlois Radicalis.
Description titre après titre
Dodola, qui est la déesse de la pluie dans la mythologie slave, se veut vaporeux et obsessionnel. L’artiste Meimuna entonne un air mystique d’abord a cappella puis soutenu par des harmonies éthérées et une basse lancinante. Une pulsation rythmique apparaît et entraîne le morceau vers un paysage moins opaque, avant un final plus calme où apparaît l’instrument de prédilection de Tikom, le marimba.
L’âge d’or fait référence à cette faste période où tout coulait de source, où notre seule volonté nous permettait de soulever des montagnes. Par son côté lounge et polyrythmique, ce morceau nous emmène vers une danse progressive. Les voix de L’âge d’or ont été enregistrées auprès de musiciens de rue à Bern, Lausanne et Sion.
Gaïa est le premier morceau que Tikom a composé. Il pose les bases de ce son principalement composé de marimba sur une base dansante électro qu’il appellera ensuite l’électro lumineux.
Ève fait référence à la première femme sur terre. Mais une Ève qui n’a pas croqué dans la pomme. Une Ève plus vivante que jamais. C’est par analogie à cette idée que nous entendons la voix de soprano lyrique d’Estelle Poscio. Techno progressif, ce morceau aboutit à une fin planante et pleine.
Cronos forme avec Gaïa les bases de ce que sera le son Tikom.
Cronos lorgne du côté de la transe, mais une transe joyeuse, pleine de vie. Ce morceau se veut très dansant avec des voix mongoles enregistrées en 2014 au cirque Starlight, ainsi qu’un marimba euphorique.
Toutatis, avec ses percussions, ses voix d’enfants, son clavier détune, son hackbrett et son marimba sidechaînés, nous emmène vers un voyage issu de la world music. C’est un morceau dansant tout en progression et en exploration.
Nectar fait suite à l’EP Alchimiste. Créé dans un esprit dansant, les cinq morceaux qui le composent permettent à l’auditeur de voyager et d’aller vers une forme de transe. Chacun des cinq titres sont distribués par le label bâlois Radicalis.
DES COLLABORATIONS GRAPHIQUES
La musique a trouvé son pendant graphique avec cinq pochettes graphiques qui sont nées de la collaboration avec Vivian Epiney. Chaque titre a été assorti d’une courte vidéo 3D réalisée par l’artiste visuelle Aline Savioz.
L’album titre par titre
MANTRA
Mantra est une ode à la vie: les voix proviennent directement de musiciens de rue dénichés à Bern, Lausanne et Sion. La rythmique sautillante joue avec ces différentes voix, sur des sons chaleureux de guitares et de claquettes enregistrées façon ASMR. Le chorus, sobre et moderne, insuffle une rythmique entêtante par sa voix saturée et sa rythmique efficace. Mantra se veut joyeux et racé, un peu comme un cocktail que l’on découvre pour la première fois mais auquel on a hâte de revenir rapidement.
HÉRACLÈS
Héraclès, à l’instar de ce héros grec, est construit comme un voyage éblouissant. Les textures se mélangent, s’emboitent et disparaissent sur une rythmique et des panoramiques travaillés. C’est en quelque sorte, un film auditif, intrigant et quelque peu nocturne. Il fait écho à Cronos de l’EP Alchimiste.
ARABESQUE (feat. Meimuna)
Arabesque est une fresque colorée et moderne. Après une introduction aguichante, la musique se fait plus mystérieuse pour déboucher sur une forme de rock sombre, xylophile et synthétique, dominé par une batterie impétueuse et la voix éthérée de Meimuna.
L’ARBRE DU MONDE
L’arbre du monde, c’est cet être végétal d’où proviennent nos âmes et auquel on se raccroche constamment. Ici, il est vu comme une forme hybride, dansante et accueillante. Bienveillante. Les voix birmanes nous rappellent nos racines universelles, jusqu’à ce que les synthés viennent nous happer hors de nos attentes, pour nous faire vibrer et bouger.
ICARE
Icare a fait la douloureuse expérience de s’approcher trop près du soleil et de s’en est brûler les ailes. La musique se veut rapide et fraiche. Son côté obscur est attirant, le mix, très travaillé donne ce côté mate, et le marimba apporte la touche d’intrigue dosée. Tâchons de ne pas nous brûler les ailes nous aussi.